COVID19 et école à distance: quel(s) enseignement(s) pour les sciences ?
Un dispositif de formation prévoit un soutien (à l’apprentissage)
Il ressort de tous ces témoignages recueillis que l’EàD semble avoir désavantagé le soutien collectif à la classe et mis en exergue des méthodes de soutien individuel.
Nous avons déjà évoqué le scepticisme des enseignants sur l’efficacité d’un cours donné en classe entière en vidéoconférence. Pourtant, comme cela est évoqué, le partage des propositions, la mise en valeur des bonnes réponses, la reprise d’une notion mal comprise sont des gestes pédagogiques importants en classe et ceux-ci deviennent difficiles en absence de visage à scruter et de paroles à recueillir. Or, les moments partagés en classe de science sont reconnus comme des moments importants : ils permettent de creuser et confronter les réponses, de vivre ensemble des expériences à partager, de communiquer avec eux et de maintenir leur intérêt et leur rigueur au travail ou encore de faire un retour global plus ciblé sur les erreurs les plus commises par les élèves…
C’est sans doute pourquoi plusieurs personnes ont opté pour des vidéoconférences en groupes réduits et selon les besoins : j’ai rendu l’enseignement par MEET facultatif pour d’éventuelles questions. Ou bien, dans le cadre d’un travail de groupe à distance : J’ai utilisé la possibilité d’en discuter dans des salles de conférences privées avec les élèves.
D’autres moyens ont été utilisés pour produire un soutien collectif à distance. Des vidéos : une vidéo de correction des exercices (PowerPoint commenté) était également postée sur l’espace de cours ou des commentaires communs.
Plusieurs enseignant-e-s ont eux le sentiment d’avoir laissé les élèves se débrouiller avec cela, d’avoir peu de moyens directs pour les aider et de les contraindre à être autonomes vis-à-vis des savoirs et utiliser le guidage à distance. On compte sur une communication informelle : on peut encore compter sur l’entraide des camarades pour les aider à s’y retrouver.
Les enseignants se sont rendu compte que le soutien individuel est extrêmement chronophage et s’approche d’un suivi de tutorat : j’ai essayé lors des deux premières semaines de faire des feedbacks personnalisés à tous les élèves, mais les conditions de travail ainsi que le temps ne permettaient pas de continuer sur cette lancée.
J’ai systématiquement fait un feedback individualisé pour chaque tâche. Cela ajoutait une quantité de travail important et de plus ce feedback personnalisé ne se faisait que sur une tâche terminée et les difficultés rencontrées au cours de la réalisation ne pouvaient pas être discutées avec l’élève pour l’aider à surmonter ses difficultés.
S’ajoutait à cela le fait que les demandes « urgentes » sont éparpillées dans le temps : des informations importantes sont susceptibles d’arriver à tout moment de la journée. Notamment dans les débuts de la mise en place du dispositif, les élèves ont beaucoup de questions d’ordre technique — souvent, les élèves nous avertissent de ces problèmes tardivement.
Les maitres en formation défendent l’importance des retours individualisés aux élèves sur leur production. Ceux-ci s’effectuaient par l’intermédiaire des commentaires de leurs devoirs (Classroom) ou quand cela était possible, dans les travaux.
Pour certains enseignants, une communication privée avec l’élève semble préférable : poser des questions en privé par écrit leur permet de ne pas focaliser l’attention des autres élèves, ce qui semble particulièrement bien leur convenir. Elle permet aussi à l’enseignantde mieux répartir ses encouragements : j’ai donc opté pour des feedbacks sélectifs, car je connaissais les élèves et je savais qui était plus en difficulté que d’autres. Selon le contenu de ces communications privées, par mail ou messagerie, on se déplace vers la fonction de gestion et de planification du dispositif d’apprentissage : avoir un échange privé avec chaque élève (par email, ou en visioconférence, à la fin de la réunion par exemple). … Cela me permet de rebondir (par email, par message) dans le cas où un élève ne travaillerait pas.
On pense que l’accroissement du soutien individuel doit permettre de maintenir la motivation des élèves et limiter les décrochages : donner un feedback aux élèves leur permet de progresser plus rapidement et de les mettre en confiance, en réduisant le risque de décrochage scolaire, qui semblerait être plus élevé dans le cadre d’EEL. Pour certains jeunes enseignant-e-s, c’est parfois une révélation : j’ai également pris conscience de l’importance de ce contact professeur-élève pour les élèves en difficulté.
Cependant, des personnes expriment leurs scepticismes sur la capacité de la version actuelle de l’EàD à éviter les décrochages : au-delà des possibilités qu’offre la technologie, il n’en reste pas moins que nous aurons toujours besoin d’un contact, d’un lien social pour pouvoir nous développer au mieux et pour notre équilibre mental aussi. C’est particulièrement vrai pour l’apprentissage qui ne pourra se faire dans des conditions optimales que dans un environnement rassurant et l’existence des rapports humains bien réels. Ceci nous amène à décrire et analyser de plus près la fonction des interactions sociales.
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